Le Club des Directeurs Artistiques dévoile aujourd’hui les shortlists de la 52 e compétition qui récompense les meilleures créations de l’année 2021.

Arno Moria, président-fondateur de Division, responsable du Pôle Production du Club des Directeurs Artistes, conclut notre série d’interviews en partenariat avec le Club des DA. Avant la révélation du palmarès intégral le 12 juillet, Arno Moria dresse le bilan de la compétition 2021 pour le Pôle Production.

 

Quel bilan dressez-vous de la compétition 2021 pour le Pôle Production ?

Malgré nos inquiétudes initiales liées à la période Covid pendant laquelle beaucoup de films ont été produits, nous avons quasiment maintenu le nombre d’inscriptions et la qualité des travaux reçus a permis aux jurés d’être aussi exigeants que les années précédentes lors des délibérations et des votes.

Les conditions adverses n’ont eu finalement que peu d’impact sur le palmarès CDA 52 qui est d’un très bon niveau.

 

Qu’est-ce qui différencie le Club des D.A des autres prix créatifs ?

La compétition du Club est unique car elle évalue le travail des maisons de production françaises en l’absence des films produits par les Anglo-Saxons que l’on affronte à Cannes ou au D&AD.

Sans vouloir déflorer un peu le palmarès, je ne peux que me réjouir de constater qu’une partie des films les plus primés se sont également distingués dans les grands rendez-vous internationaux. Le meilleur du craft français au sens du Club est en phase avec le meilleur du craft international à très haut niveau, c’est cohérent.

Notre prisme franco-français permet également à de bons travaux qui souffriraient d’une concurrence forte à l’international de trouver leur place. Chaque jury ayant sa propre sensibilité et sa propre dynamique, Le Club permet ainsi d’exposer et de faire découvrir plus de talents tout en demeurant exigeant et sélectif.

 

La compétition voit-elle émerger de nouvelles réalisatrices ?

La période Covid n’offre pas le meilleur timing pour l’émergence de nouveaux talents. Bien malheureusement. Et comme beaucoup de réalisatrices font partie des nouveaux talents, cette année n’est pas très positive du point de vue de la parité. Quand le marché se resserre, tout le monde va au plus évident et se tourne les talents confirmés. Et historiquement ce sont plutôt des réalisateurs que des réalisatrices. On retrouve cela partout à l’infime exception des films mode. On ne régresse pas, mais il n’y a pas un élan supplémentaire par rapport à la progression observée l’an dernier. Les maisons de productions ont pourtant signé et développé un grand nombre de réalisatrices au cours des trois dernières années. Le mouvement va dans le bon sens, il est juste ralenti cette année.

 

Accueille-t-elle  de nouvelles maisons de production ?

Il y a une grande variété de maisons de production cette année. Cela montre un élan collectif de participation et un intérêt pour la compétition. Nous arrivons à faire venir de nouveaux entrants, des nouveaux acteurs que les clients et les marques peuvent découvrir grâce au Club.

Cette mission est perfectible mais elle est accomplie grâce au travail interne au Club, aux présidents de catégorie et évidemment aux maisons de productions, y compris les plus jeunes, qui font l’effort de participer à la compétition.

Cela montre la nécessité de mettre en valeur le travail des producteurs français, en étant là encore, préservé du rouleau compresseur anglo-saxon.

 

Comment s’exprime le rapport entre Art & Commerce dans les catégories du Pôle Production ?

Sur l’ensemble des catégories qui sont dans le craft, on est au cœur des arts appliqués. Pour tenter de placer la barre artistique haute dans l’exécution, nous sommes à la fois dépendants de la qualité du script et des moyens alloués pour le mettre en image.

Les maisons de production font de l’or avec des budgets pas toujours au niveau international. C’est encore plus flagrant quand on compare avec les budgets de production des Anglo-Saxons ou même des Allemands, pour l’automobile notamment.

Cela impose aux maisons de production françaises d’énormes efforts pour tenter d’amener – avec des moyens par vraiment équivalents – la partie artistique dans l’exécution au plus proche des niveaux internationaux que l’on a comme référent. Et ce n’est malheureusement pas toujours 100 % réussi.

Pour faire de l’Art au service du Commerce, il faut que le Commerce s’en donne les moyens.

 

Les annonceurs suivent-ils ?

Assez peu en France, à quelques exceptions près, pour ce qui est purement de l’ordre du craft. Et c’est presque miraculeux que nous arrivions à avoir encore des films primés en craft dans les grandes compétitions internationales, mais c’est infinitésimal. In fine, nous avons un très bon niveau. Mais c’est plus difficile de faire de l’exceptionnel.

 

Quels conseils donneriez-vous à de jeunes réalisateurs ?

Comme je le disais, la période n’est pas idéale.

Ce que l’on cherche avant tout chez un jeune réalisateur, c’est une identité, une écriture forte. Le « métier » s’acquiert avec le temps.

C’est de notre responsabilité de producteur de ne pas lui faire perdre sa fraicheur dans le process et de lui laisser une place pour exprimer son talent tout en étant au service d’une marque. C’est l’équilibre à trouver et cela nécessite du temps, de la présence, de l’accompagnement.

Si je devais leur donner un conseil, ce serait : soyez vous-même, soyez volontaires, ne perdez jamais espoir. Ceux qui seront persévérants et affirmeront leur originalité s’imposeront.

 

Pour la première fois, le Club décerne un prix de Réalisateur de l’Année : enfin une reconnaissance ?

C’est une très bonne chose que le Club crée ce prix qui récompensera désormais chaque année un réalisateur au même titre que les créatifs. C’est cohérent avec la logique du Club de récompenser des personnes plutôt que des sociétés.

Le mode de calcul du Club permet de distinguer un réalisateur issu de n’importe lequel des univers : le film, l’animation, le clip… On l’a imaginé comme cela pour que cela ne soit pas « publicitaro-centré ». Et que cela permette aussi bien de récompenser des talents incontournables que de mettre en lumière des réalisateurs qui ne sont pas issus du sérail.