Quelques semaines après sa réélection à la présidence de l’UPC Pub et son élection à la présidence de la fédération européenne des producteurs de films publicitaires (CFPE), Florence Jacob fait le point sur les actions en cours et à mener avec les nouveaux conseils de direction des deux syndicats en ordre de marche. Une feuille de route fédératrice au-delà des seuls producteurs indépendants de films publicitaires.

 

PSM : Vous avez présidé le World Producer Summit avec Matt Miller (le président du syndicat américain des producteurs de films publicitaires AICP) et Steve Davies (président APA syndicat producteurs UK), quel est le constat au niveau international ?

 

Florence Jacob: Nous avons débattu tous ensemble sur la transformation qui s’opère à vitesse grand V dans nos métiers et les évolutions que cela implique sur la production indépendante et ses talents, les réalisateurs.

Les Cannes Lions ont acté le fait que l’intégration de la production à grande échelle est un phénomène mondial, qui challenge l’ensemble de l’industrie. Les agences produisent de plus en plus pour diversifier leurs activités. Néanmoins, les grands absents de ce débat sont les annonceurs, on entend encore peu leur point de vue dans les médias.

Aux US, Brésil, Mexique comme en Europe c’est l’ère du changement mais le marché va se réguler naturellement par la force des choses.

Les points communs des producteurs de films publicitaires indépendants “Worldwide” sont  l’émergence et le développement de talents ainsi que la capacité en tant qu’entrepreneurs à s’adapter constamment aux nouvelles données du marché avec flexibilité et savoir-faire afin d’être les plus compétitifs possibles pour les annonceurs. Nos structures sont à taille humaine, donc agiles et dynamiques.

Il est important de rappeler que, tout autour du monde, les sociétés de production de films publicitaires savent parfaitement gérer l’ensemble du processus de production, du développement initial du projet à sa livraison finale, en veillant à ce que les objectifs commerciaux et créatifs soient atteints. Nos maisons sont créées autour de ces objectifs économiques et juridiques. Nos similitudes de pays en pays démontrent la fiabilité de nos structures. 


Florence Jacob, Matt Miller, Steve Davies, James Hagger 
au World Producer Summit  Lions Cannes 24

 

PSM : Nous avons annoncé  ici votre board européen du CFPE il y a quelques semaines. Quelle en est l’organisation?

 

Chaque membre apporte un know how au board dans un domaine clé du marché :

– James Hagger (France) : Vice-président

– Myriam Zschage (Allemagne) : En charge de l’indemnisation des appels d’offre

– Nicolas Cabuche (Espagne) : En charge des questions juridiques et contractuelles

– Steve Davies (Royaume-Uni) : En charge des appels d’offres mixtes

– Karim Bartoletti (Italie) : En charge de la communication

– Arleta Robinson (Pologne) : Représentante des sociétés de productions de service

– Mikis Modiano (Grèce) : En charge de la cohésion des adhérents et de la RSE

– Paul Holmes (Irlande) : En charge des questions relatives à l’Intelligence Artificielle

 

L’idée est d’impliquer davantage les membres du board afin que chacun puisse lancer des groupes de réflexion / lobbying qui travaillent sur les thématiques clés du milieu publicitaire européen. Nous allons fonctionner comme un gouvernement européen avec des ministres venus de différents pays et des missions très précises

 

PSM : Vous avez annoncé le développement d’une plateforme pour faciliter les appels d’offres et garantir leur transparence, qu’en est-il à ce jour ?

 

Ce concept de plateforme de régulation des appels d’offre en France a été imaginé suite à du brainstorming entre dirigeants de diverses structures, qui ont partagé leur savoir faire et leurs analyses du marché afin de trouver une solution à un problème commun :  le manque de transparence dans les compétitions. Comme nous l’avons annoncé, cette plateforme aura une première version opérationnelle fin septembre-début octobre. Nous aidons au développement de cette plateforme qui sera totalement indépendante et très accessible (en termes de coût et d’expérience utilisateur). L’idée est de créer un outil évolutif incontournable pour les compétitions futures qui répond à notre objectif : plus de compétitions avec plus de transparence. Un outil qui permet de gérer les appels d’offre de manière équitable et respectueuse des  personnes qui y déposent leur travail. Tout en gardant un lien précieux avec celles qui lancent les appels d’offres et qui ont besoin d’échanger avec nous pendant le processus de compétition. Il s’agit d’un outil pour faciliter un processus et non pas d’une menace pour évincer nos partenaires en production.

Nous sommes persuadés que cette plateforme va nous permettre de sortir de la situation inextricable – et quasi exclusivement française – dans laquelle nous nous trouvons avec les agences au regard des compétitions mixtes. Tous les secteurs vont devoir nous aider à rendre les compétitions plus transparentes en utilisant cette plateforme. Il est quand même étrange que nous soyons un des derniers secteurs avec un fonctionnement d’appel d’offres aussi obscur. Ce mouvement de transparence est mondial et nous allons œuvrer à la mise en place de cette plateforme dans toute l’Europe. 

 

PSM : Vous pensez que les compétitions plus transparentes et plus équitables vont permettre d’obtenir les meilleures réponses, les meilleurs prix et les meilleurs talents ? 

Oui, c’est le principe même de la concurrence et du libre échange. C’est ainsi que cela fonctionne dans les autres industries (architecture, fonction publique, BTP,…). Nous pensons qu’il faut remettre les compétitions (transparentes et équitables) au centre de notre secteur pour servir au mieux l’intérêt des annonceurs. C’est le volume des compétitions qui génère les meilleurs prix et les RFA (réductions de prix basées sur le volume favorables aux annonceurs).


Florence Jacob au WPS Lions 24

 

PSM : Quelle est la feuille de route du nouveau conseil de direction de l’UPC PUB?

 

Nous avons depuis juin un nouveau conseil de direction très dynamique constitué de dirigeants de productions indépendantes de toutes tailles. Le conseil de direction de l’UPC PUB n’a jamais été aussi mixte. Les candidatures ont été très nombreuses ce qui nous réjouit et montre la volonté de nos membres de collaborer davantage dans cette transformation du marché.

Après la phase de crainte, je dirais même de peur, s’ouvre la période d’ACTION et de transformation de nos structures de production. Nos producteurs ont déjà su s’adapter à beaucoup de péripéties économiques en tant qu’entrepreneurs, ils sauront s’adapter à cette nouvelle ère dans laquelle le business viendra de diverses protagonistes, des agences, nous l’espérons, mais également du direct client, des bureaux de TV prods indépendants  ou de certains cabinets de conseil en productions.

A cette nouvelle dynamique, un grand collectif de réalisateurs et de réalisatrices (qui sera peut être un jour une association comme en Allemagne ou d’autres pays du monde) va se joindre à nous, représentant les réalisateurs français et étrangers débutants et réputés. Tous aspirent  à un marché régulé et plus transparent qui assure  l’émergence de jeunes talents. Nous partageons ensemble le désir de protéger notre écosystème de production indépendante, tout en le changeant, en l’adaptant aux nouveaux besoins du marché.

Ils seront à nos côtés dans ce monde d’après !

Nous avons également recueilli les propos de Pierre Cazenave et Maximilien Rivolet, nouveaux membres du conseil de direction de l’UPC PUB

PSM : Pierre Cazenave (SOLDATS) et Maximilien Rivolet (OBVIOUS)  en tant que nouveaux membres dans le conseil de direction de l’UPC PUB, que souhaitez vous apporter à votre syndicat ? 

Pierre Cazenave : Le marché est bouleversé depuis quelques années, par ses acteurs comme par l’économie. Mais aussi par le mode de consommation, la diversité des formats, etc.  J’ai souhaité intégrer le conseil de direction afin de participer à la protection de nos intérêts communs du métier de la production, dans ce bouleversement des rapports humains et des façons de faire que nous vivons aujourd’hui. 
Il ne faut pas subir !

Les métiers de la création ne peuvent pas se passer de nous. Nous sommes, avec les talents que nous défendons et que nous développons, ainsi que toute la chaîne de différents techniciens et prestataires (comme les métiers de la post production) à l’origine des nouveaux langages visuels, techniques & innovations, etc.. Pour autant il est nécessaire d’accepter le changement et modifier nos business models. Nous avons toujours su nous adapter. Tout en s’adaptant, il est aujourd’hui impératif pour notre métier de faire connaître nos valeurs et de persévérer à développer les talents de demain. 


Pierre Cazenave, SOLDATS

 

Maximilien Rivolet : Notre industrie évolue d’année en année sous de nombreuses formes, et il existe désormais autant de sociétés de production que de modèles économiques. J’ai souhaité intégrer le conseil de direction de l’UPC pour aider à la concertation et à la synergie de toutes les forces de notre secteur.

Nous travaillons tour à tour avec les agences, les marques et les cabinets de conseil des marques, suivant de nombreux workflows différents auxquels nous devons nous adapter. Il est capital que les producteurs indépendants, quels qu’ils soient, s’unissent autour d’usages communs et défendent une déontologie propre à notre industrie.

Convaincu que les productions indépendantes sont indispensables au succès créatif et à l’émergence des nouveaux talents dont les agences et les clients ont besoin, il faut désormais défendre et mener fermement des relations intègres et intelligibles pour tous.

Les productions indépendantes ont toujours été et resteront essentielles pour accompagner l’évolution de notre activité. 


Maximilien Rivolet, OBVIOUS